L'AMIANTE, UN FREIN A LA RENOVATION ENERGETIQUE ?

La rénovation énergétique se heurte souvent à la présence d'amiante. En particulier dans le parc social : l'ère du tout amiante correspond aussi à l'époque des passoires énergétiques. Pour lever l'écueil, les pouvoirs publics ont mis en place le Plan de recherche et développement amiante (PRDA), destiné à réduire les coûts du désamiantage, mais aussi des aides pour financer le désamiantage chez le particulier. 

Printemps 2018, le Gouvernement dévoile son Plan de rénovation énergétique, dans lequel il fixe un objectif de 500 000 rénovations énergétiques par an, dont 150 000 dans le parc social. Une rénovation massive, qui suggère de prendre en compte au préalable la problématique amiante, car les 7 à 8 millions de passoires énergétiques recensées en France correspondent à l'ère du tout amiante : dalles de sol vinyle-amiante, enduits, conduits en fibrociment... Mais la rénovation énergétique est aussi un levier pour les innovations dans le domaine de l'amiante. Car pour accompagner la filière plusieurs initiatives ont été lancées, avec notamment la création du PRDA en 2015. Un coup de pouce pour les entreprises porteuses d'innovations, permettant de réduire les coûts de traitement de l'amiante tout en conservant un niveau de prévention égal ou supérieur. Au total, une trentaine de solutions techniques sont soutenues par le PRDA, telles que des robots permettant de décaper et d'aspirer à la source les matériaux amiantés. 

Des outils pour les bailleurs sociaux  
Dans le parc social, 7 logements sur 10 construits avant 1997 contiennent de l'amiante (chiffres USH). Les bailleurs sociaux ne sont donc pas en reste. Nombreux sont ceux qui ont déjà misé sur des systèmes de cartographie, qui recensent et géolocalisent les matériaux amiantés des logements. La démarche permet de disposer d'une vision d'ensemble, d'anticiper la contrainte et les coûts induits par l'amiante, afin d'éviter de repousser la rénovation d'un bâtiment. Les bailleurs disposent d'un historique des interventions, et la mise à jour des DTA est facilitée. La cartographie amiante favorise ainsi une gestion pluriannuelle de l'amiante. Les données récoltées s'intègrent plus largement dans la maquette numérique, qui se démocratise progressivement chez les bailleurs sociaux. Un atout également dans le cadre de la rénovation énergétique, puisque les maquettes permettront aux organismes sociaux d'être plus précis dans leurs demandes pour des travaux de rénovation et de désamiantage. 

Quelles aides pour les particuliers ? 
Le particulier peut aussi avoir affaire à l'amiante, qui démultiplie les coûts et peut remettre en cause un projet de rénovation énergétique. Les pouvoirs publics ont donc instauré des aides, notamment dans le cadre du programme « Habiter Mieux » de l'Agence nationale de l'Habitat (Anah). La subvention s'adresse aux propriétaires bailleurs et aux propriétaires occupants -sous conditions de ressources-, dans le cadre de la réalisation d'un diagnostic technique (s'il est suivi des travaux préconisés), et de travaux d'élimination ou d'isolation des matériaux contenant de l'amiante, comme l'a rappelé le ministère de la Transition écologique et solidaire dans une récente réponse à un sénateur. Des dispositions foncières existent également, car certains propriétaires bailleurs peuvent déduire le coût des travaux de désamiantage pour le calcul de leurs revenus fonciers. Enfin, pour connaître les éventuelles aides locales, les particuliers peuvent se rapprocher des agences départementales d’information sur le logement (Adil).